Résumés

La critique du délire

 

 

Vendredi 18 mai

Séance Plénière sous la présidence de Thierry Trémine

Cl. Jeangirard: Allocution d'accueil

 

G. Lantéri-Laura: Épistémologie du délire, Thierry Trémine : Discutant

Résumé: Nous envisagerons les fondements sémantiques et épistémologiques de la notion de délire depuis les latins jusqu'à nos jours. La définition qu'Esquirol donne du délire, directement inspirée des présupposés des Idéologues, ne désigne pas un aspect particulier de la pathologie mentale, mais plutôt un désordre des rapports de la pensée avec l'extérieur et avec elle-même, dont nous allons suivre l'histoire à travers les développements de la psychiatrie au cours des XIXème et XXème siècles en isolant trois périodes successives: celle de l'aliénation mentale (1793-1854), celle des maladies mentales (1854-1926), celles des grandes structures psychopathologiques (1926-1977). Enfin nous trouverons dans la technique du roman des modèles possibles pour l'étude différentielle des délires, quand on les envisage comme récits.

Mots-clés: Délire, Histoire, Epistémologie, Aliénation, Maladie, Structure, Roman

 

J.P. Lauzel et J.Cl. Pascal: Délirant et responsable, R. Cousin: Discutant

Résumé: Le but de cette communication est de montrer les paradoxes que rencontre le psychiatre clinicien quand il se mêle d'expertise psychiatrique pénale. Le point de vue que lui impose son art est souvent inconciliable avec les principes le plus souvent rigidifiés par le Code de ses interlocuteurs, les juges, et tout autant avec les conceptions simplistes de la population des justiciables. Plus encore, il n'échappe pas à bien des incohérences, quand il vient défendre la normalité d'un sujet visiblement malade pendant une session de cour criminelle. Et quand il exclut toute pathologie chez un sujet dont le comportement social est manifestement tout à fait anormal.

Mots clés: Responsabilité, Expertise, Code pénal, Normal, Pathologique

 

 

Atelier: "Délire et transfert" sous la présidence de H. Bokobza et R.M. Palem

 

J. Mornet :"Transfert et délire institutionnel"

Résumé: Toute institution est un corps social fait d'événements et de rencontres. Pris dans la violence de ses conflits et de ses passions, il peut aller jusqu'à " délirer ". C'est ce qui arrive lorsque ce qui le traverse vient rencontrer la problématique d'un de ses patients. La relation d'influence transférentielle devient telle que seul, un travail d'analyse institutionnelle pourra en dénouer les fils et en apaiser les risques persécutifs et mortifères

Mots clés: transfert, influence, psychothérapie institutionnelle, passage à l'acte, corps

 

A. Kraemer:: "Portage, partage et transcendance"

Résumé: Dans la psychothérapie de groupe des psychoses, l'écoute du délire «nous» conduit, en deçà du transfert dont le modèle reste celui de la Représentation, au «partage de sens» qui s'effectue dans le «Portage» comme modalité propre du transfert en Analyse Existentielle et qui se révèle comme lieu de l'humain dans l'homme.

Mots Clés: psychothérapie de groupe, psychose, analyse existentielle, témoin, douleur, entre, appel.

 

J.F. Bouix : "Abord du délire en situation groupale"

Résumé: La critique du délire en situation de groupe de parole quotidien de patients schizophrènes constitue une opportunité d'ouverture à un travail d'historisation saisie par le thérapeute avec deux questions: «qui fabrique cette idée?» et «à quoi sert cette idée?» Le sujet peut dès lors rechercher ce que son délire recouvre des failles de son histoire.

Mots Clés: institution, groupe, architectonie du délire, historisation, étayage symbolique.

 

P. Belzeaux : "Clinique et transfert dans la psychose maniaco-dépressive"

Résumé: Alors que les troubles bipolaires de l'humeur occupent le devant de la scène des publications et des congrès, la psychose maniaco-dépressive poursuit sa route et se manifeste régulièrement dans des demandes de psychothérapie ou de psychanalyse. Permettre le déroulement de la parole à ces Sujets, parallèlement traités par chimiothérapie, amène à reconsidérer une phénoménologie et une psychodynamique tendant aujourd'hui à être occultées. Le travail au long cours dans le transfert, lorsqu'il est possible, conduit à ce qui semble plus spécifique de ses états, une « symbolisation de la mort ». Nous assistons alors à une régulation voire à une disparition des épisodes dysthymiques et de la cyclicité, dont la nature psychodynamique ne laisse aucun doute.

Mots clés: Psychose maniaco-dépressive, Psychanalyse, Psychodynamique, Transfert, Symbolisation, Mort, Cyclicité.

 

R.M. Palem : "Dix axiomes sur le transfert avec les psychotiques"

1-Il y a transfert dans la Psychose comme dans la Névrose. On ne peut pas ne pas transférer. 2-Il y a toujours (risque d') érotisation du transfert 3-Pour un psychotique, transférer sur son thérapeute, c'est le faire entrer dans son délire. 4-L'amour de transfert...aucun critère "intérieur" ne permet de le distinguer de l'amour tout court (Freud, Lacan). Comme l'amour , le transfert peut être délirant, le devenir. 5- l'Erotomanie 6-L'Etat limite qui est en deçà du délire et qui n'a pu se structurer en névrose est aussi au-delà du transfert 7-Le transfert des psychotiques est particulièrement ambivalent et souvent homosexuel. 8-Il y a transfert même quand ça ne se voit pas 9-Les transferts, ça glisse, ça se déplace, ça se reporte... 10-La neutralité? Ça n'existe pas.

Mots clés: psychothérapie analytique, transfert, psychose, amour, délire, érotomanie, neutralité

 

 

Atelier: "Critique du délire", sous la présidence de E. Mahieu et J. Molto.

 

E.T. Mahieu: "La critique du délire: introduction à la question chez les aliénistes et la psychiatres."

Résumé: la notion de Critique du délire qui s'utilise banalement avec la force d'une dóxa, a-t-elle été théorisée chez les aliénistes? Si elle répond à certains faits cliniques, quels préjugés renferme-t-elle? Héritière de l'antinomie raison-folie et du sujet psychologique de la pensée classique, est-elle un indice clinique fiable des modifications subjectives de l'homme délirant? Nous allons tenter quelques réponses et indiquer quelques pistes dans le chemin d'une épistémé.

Mots-clés: Délire -Aliénation - Critique - Hegel - Kant - Pinel - Insight

 

T. Najman : "Le délire et les hallucinations existent-ils chez l'enfant?"

Résumé: Le délire et les hallucinations existent-ils chez l'enfant ? Est-il légitime de parler de délire ou d'hallucination chez des enfants? Beaucoup des spécialistes de l'enfance soutiennent non seulement que la vie imaginaire est prévalente chez les enfants, mais surtout que la différence entre la réalité extérieure au sujet et sa vie psychique ne va pas de soit dans le jeune âge. Ils en concluent logiquement l'impossibilité de diagnostiquer délire et hallucination en deçà d'un développement psychologique suffisant. Cet abord est-il le seul possible? Permet-il de progresser dans ce débat à la fois difficile, étonnamment peu fréquent et probablement pourtant fécond? Y a-t-il un lien entre cette position clinique et la disparition progressive de la catégorie "psychose infantile" au profit des états limites et des dysharmonies de l'enfance?

Mots-clés: Hallucination, Enfants, Réalité, Psychose infantile, Developpement

 

D. Mion : "Questionnement sur le concept de critique du délire"

Résumé: Le manuel psychiatrique et les études d'Henri Ey ne font pas référence à ce concept « critique du délire ». C'est paradoxalement du côté des psychanalystes que l'on trouve des références, en particulier chez Jean Allouch à la suite de Lacan. Suggérer dans le tranfert cette critique du délire est antinomique avec le fait même que pour Freud, le délire représente une tentative d'auto guérison. Nous envisageons comment cette question de la critique du délire s'insère dans la particularité du transfert dans la psychose. Ainsi tenter d'extorquer une critique du délire ne pourrait être vécu que comme une concession à la jouissance de l'Autre. Searle donne à ce sujet de précieuses indications.

 

G. Nusinovici : "Acte criminel et critique du délire"

Résumé: A propos d'un cas de matricide commis par une psychotique, se pose la question de la subjectivité en jeu dans le meurtre lorsque ce sont les voix de l'automatisme mental qui le commande. Ni le geste meurtrier ni le délire, même s'ils appellent de la part de la malade diverses critiques, ne trouvent racines dans une subjectivité divisée, ce qui fait que sa critique ne portent pas vraiment à conséquence. Et si elle ressent de la culpabilité et demande l'emprisonnement, c'est plus par la faute d'être née que du regret de son geste meurtrier. On peut faire l'hypothèse que la haine n'est pas symbolisable car la séparation symbolique entre la mère et la fille n'a jamais été accomplie.

Mots-clés: Matricide, Automatisme mental, Subjectivité, Culpabilité, Mélancolie, Séparation, Haine.

 

J.Y. Butin et C. Petit : "Vous avez dit critique du délire?"

.Les auteurs s'interrogent sur la façon d'assumer la fonction soignante face à un patient délirant. Il s'agit de s'appuyer sur un dispositif institutionnel, un tissus souple et solide, où le patient se soigne autant qu'il est soigné. Quel est, dans ce cadre la nature des outils conceptuels? Affirmons que le transfert, fut-il dissocié, éclaté, existe. Affirmons le d'autant plus qu'aujourd'hui un retour de la techno-psychiatrie visant le symptôme pourrait faire pencher vers cela : faire céder le délire, le traiter. Les auteurs proposent des extraits de chroniques cliniques et quelques histoires inquiétantes.

Mots-clés: Transfert, Accueil, Travail psychique, Délire, Psychothérapie Institutionnelle, Catatonie

 

Atelier: "Délirer", sous la présidence de J.L. Place et S. Rappaport.

 

S. Rappaport: "Délire et institution, l'art de la fugue".

Résumé: L'auteur retrace le parcours de la haute figure d'E. Minkowski et de son œuvre comme contrepoint à un scientisme réducteur ou à une référence exclusive à la psychanalyse. Le cas d'un patient gravement malade et sa «guérison» permet d'envisager les registres soignants d'une institution: exil, diversité des lieux, zones de passage. Le médicament tient lieu d'objet «clé de voûte» des contraires. On peut en rapprocher la conception de la Verleugnung (déni) par Freud: faire coexister les représentations inconciliables. L'institution est le lieu possible d'une création, d'une invention et du «conciliable». L'auteur propose les termes musicaux de fugue et de contrepoint pour rendre compte du «conciliable» dans la discordance des voix.

Mots-clés: Dissociation, Spaltung, Institution, Soin, Lieux, Déni, Clivage, Totalitarisme, Minkoswki.

 

M.A. Blot : "Blue Boy: critique du délire, lire le délire."

Résumé: L'accompagnement d'un jeune homme schizophrène au cours de ses vécus de morcellement nous permet d'évoquer les notions phénoménologiques de l'égo pur et de destin selon Binswanger. Au cours des diiférents entretiens un dialogue nous a permis de mettre en commun nos expériences respectives de son vécu de morcellement et délaborer ensemble une "critique du délire" qui ne récuse pas le vécu délirant mais lui restitue sa valeur de destin au sens phénoménologique.

Mots-clés: Délire paranoïde, Morcellement, Crise, Ego pur, Recit, Destin, Critique, Autocritique.

 

 

M. Ledoux : "Le Tréma et l'Apophanie : Métamorphoses de la situation pathique du sujet dans la schizophrénie"

Résumé: C'est à la phénoménologie de Conrad et de Maldiney que l'auteur se réfère pour rendre compte de l'enjeu du délire. Au trac ou trema marqué par le règne de l'incertain et par l'imminence d'une catastrophe, se substitue la certitude délirante qui, d'après Conrad, se présente comme une apophanie. A l'absence de relation évidente (Blankenburg) se substitue dans l'apophanie l'expérience d'une signifiance débordante et profuse. L'apocalypse est la destruction de toute continuité du sens, et signifie révélation totale ne laissant plus de place à la moindre élaboration. La construction délirante tente de conjurer l'apocalypse.

Mots-clés: Délire, Phénoménologie, Catastrophe, Signification, Conrad,

 

J.J. Martin : "Les surréalistes et le délire" (à paraître)

 

Samedi 19 mai

Séance Plénière sous la Présidence de Anne Marie Haas

 

R. Cousin et J. Garrabé: "La folie avec conscience", E. Mahieu: Discutant

Résumé: Les échanges épistolaires entre le Dr Blanche et son patient Gérard de Nerval introduisent la question de la critique du délire telle que la concevait Ph. Pinel: une action critique de la raison restante sur les idées délirantes. Mais philosophes et cliniciens vont établir que la croyance ne procède pas de la raison logique mais de l'émotion. Ainsi pour Chaslin, qui diffuse le terme d'auto-critique, ce n'est pas la critique du délire mais l'apparition de la conscience de l'affection qui annonce la guérison. Nous formulons l'hypothèse suivante : la critique du délire est intimement liée à la thérapeutique, à ses effets, à ses espoirs. La résurgence de cette notion de critique du délire ne procède-t-elle pas de l'effet escompté des substances dites antipsychotiques. Le cas du prix Nobel John Forbes Nash, "schizophrène" "auto-guéri" vient nuancer cette notion de "critique du délire".

Mots-clés: Critique du délire, auto-critique, thérapeutique, G. de Nerval, J.F. Nash

 

M. Strauss: "L'incertitude délirante", R. Jeangirard : Discutant

Résumé : Le paradoxe entre l'usage courant de l'expression de critique du délire et son absence d'élaboration théorique se résout à l'examen de ses présupposés implicites : elle implique l'idée du délire comme erreur et met l'accent sur la croyance comme trait distinctif de la folie. Cette représentation n'est plus guère défendue et surtout, Freud et Lacan y ont opposé une toute autre conception. Pour Lacan, ce trait distinctif est le phénomène élémentaire, dont le langage témoigne, et qui est à l'occasion assorti de perplexité plus que de conviction. Cette conception, qui exprime la position du psychiatre vis à vis du fou, n'est pas sans conséquence sur la position de ce dernier vis à vis des phénomènes dont il est l'objet.

Mots clés : Certitude, délire, erreur, expérience énigmatique, forclusion, langage, phénomène élémentaire.

 

J.J. Kress: "La critique du délire: une ambiguïté dès la formation psychiatrique", J.Cl. Duchêne : Discutant

Résumé: La critique du délire est une notion classiquement intégrée à l'enseignement de la psychiatrie. Elle est volontiers considérée comme un signe prometteur de guérison. Cette notion est chargée d'implicite et d'ambiguïtés qui se retrouvent dans la relation de soin. La prise en compte de la conception psychanalytique de la production du délire peut contribuer, du moins en théorie à lever ces ambiguïtés. Ceci ouvre la question éthique du rapport du sujet délirant à son trouble.

Mots-clés: Critique du délire, Enseignement,